Conseils à un preneur de son animalier débutant

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Le matériel

J’ai toujours utilisé des enregistreurs professionnels de la marque Tascam (d’abord le DAP 1 à cassettes numériques, aujourd’hui le HDP 2 à carte mémoire) et je n’ai jamais eu de souci avec eux. Il y a bien sûr d’autres marques d’enregistreurs professionnels…
Il existe aujourd’hui des petits enregistreurs qui tiennent dans la main. Certains sont excellents mais leur défaut est justement leur petite taille. Je préfère avoir de bons vu-mètres bien visibles, et des touches un peu grosses pour éviter les erreurs de manip, surtout quand on travaille dans la pénombre, à l’aube ou au crépuscule.
Mon micro-parabole est de la marque Telinga (modèle PRO 5 Phantom). Ce matériel spécial est vendu en France par JAMA-SITTELLE. J’ai bricolé un adaptateur pour le fixer sur un trépied d’appareil photo, ce qui évite les bruits de micro tenu à la main, et des crampes dans le bras ! Mais on peut travailler sans, ce qui permet de suivre l’oiseau dans ses déplacements, une alouette en vol par exemple.
Casque ou pas ? À chacun de voir. J’ai longtemps travaillé au casque : on entend exactement ce qu’on enregistre, et on se rend tout de suite compte d’un éventuel problème comme par exemple le bruit d’une clôture électrique qu’on ne perçoit pas à l’oreille. Mais on n’entend que ce qui est devant le micro, et si un super oiseau vient chanter derrière toi, tu ne le localises pas bien, donc tu enlèves le casque, tu bouges, tu fais du bruit, et tout le monde s’envole ! Aujourd’hui, je préfère travailler sans casque. Avec l’habitude, je sais ce que j’enregistre sans avoir besoin de vérifier. 
De retour à la maison, Il faut encore un ordinateur et un logiciel de traitement du son. Pour ma part, j’utilise Pro-tools mais il y en a d’autres de toutes sortes et à tous les prix. Pour traiter des sons de nature, on n’a pas besoin d’une « usine à gaz » ! Mais il faut quand même pouvoir faire un peu de montage (enlever l’avion !), pouvoir filtrer les basses fréquences inutiles et faire un minimum de mixage.

L’enregistrement

La prise de son est évidemment plus simple que la prise de vue. Nous n’avons pas besoin de voir, donc de nous approcher trop près, au risque de voir l’oiseau s’envoler ! Je ne cherche jamais à voir l’oiseau car si je le vois, il me voit aussi et, le plus souvent, s’envole. Mais, même avec une super parabole, il faut quand même s’approcher si l’on veut une bonne qualité sonore. Une approche à quelques mètres sera nécessaire pour un roitelet au chant peu sonore, à une vingtaine de mètres pour une grive musicienne au chant puissant.
Tout dépend de ce que l’on veut obtenir, ambiance générale ou gros plan.
Certains oiseaux chantent par strophes (merle, grive, rossignol, etc.) : une strophe de quelques secondes, un silence pendant lequel l’oiseau écoute les réponses, une nouvelle strophe, un silence, etc. J’ai une technique simple pour approcher ceux-ci : j’avance de 2 ou 3 pas à chaque strophe, et m’immobilise pendant les silences. On peut comme ça, petit à petit, se retrouver au plus près de l’oiseau. Mais attention à ne pas être trop près non plus. J’ai ainsi raté ainsi l’enregistrement d’un rossignol dont je m’étais trop approché : le micro saturait d’entrée, même avec un très bas niveau d’enregistrement !

Pour bien travailler dans la nature, il faut être le plus discret possible. Vêtements et chaussures aux couleurs sombres, brun, vert, gris, etc. Le moins de bruit possible, attention aux brindilles qui craquent sous les pieds, aux graviers qui crissent, et même au bruit des vêtements quand tu bouges. Les oiseaux ont une ouïe environ 10 fois supérieure à la nôtre, et leur vue aussi est excellente ! Beaucoup d’animaux perçoivent d’abord et surtout les mouvements, même infimes. Il faut donc rester le plus possible immobile, ou caché. Enfin, les mammifères ont un odorat formidable, pour les approcher il vaut mieux ne pas sentir l’eau de toilette et se placer à bon vent, c’est à dire le vent dans le nez.
Pour ma part, je travaille toujours seul. Je me déplace lentement en essayant de ne faire aucun bruit. Pour rester un moment quelque part, je trouve une position confortable, appuyé contre un arbre (qui, en plus, dissimule ma silhouette), assis sur un rocher, un arbre tombé, et ensuite, plus aucun bruit ni mouvement inutile. Et même si les animaux t’ont entendu ou vu venir, ils t’oublient au bout d’un moment, pourvu que tu te fasses oublier. Et c’est là que ça peut devenir joli.
Un oiseau intéressant se met à chanter, mais il est un peu loin. Avant de tenter une approche, je l’enregistre déjà 2 ou 3 minutes par sécurité, au moins je ne rentrerai pas bredouille ! Ensuite je tente une approche dans les règles de l’art, au risque de le voir s’envoler… En fait, si un gros plan est l’idéal, il vaut toujours mieux enregistrer l’oiseau un peu loin que pas d’oiseau du tout ! 
La parabole du micro est grosse, 60 cm de diamètre au moins, en plastique transparent qui peut briller au soleil ou sous la pleine lune. Pour la rendre moins visible, on peut tendre dessus un tissu très fin, genre mousseline ou bas de femme. Telinga propose ce genre de protection qui sert aussi de coupe-vent.

Pour réussir sa prise de son, il faut aussi et surtout se trouver au bon endroit à la bonne heure !
La bonne heure, c’est l’aube, et même une heure avant les premières lueurs, vers 4 h 30/5 heures au printemps. Les rougegorges, les grives commencent à chanter alors qu’il fait encore nuit. De plus, on est moins visible dans la pénombre. Et enfin, il se trouve qu’il y a moins d’avions en vol à cette heure-là, moins de monde sur les routes, moins de tracteurs, tronçonneuses et autres bruyantes machines. Pour être au bon endroit à l’aube, le mieux et le plus agréable est de dormir sur place. J’aime arriver la veille, l’après-midi ou en début de soirée, pour faire un petit repérage des chemins, etc. De plus, on fait souvent de jolis enregistrements au crépuscule, ou la nuit (rossignol, rapaces nocturnes, etc.).

Pollution sonore, vent, pluie, avions, moteurs, etc.

Inutile de sortir quand il y a du vent au dessus de 20 km/heure. Le bruit du vent dans les feuillages, amplifié par la parabole, risque de gâcher l’enregistrement. La pluie pose le même problème, en plus de mouiller le matériel et le preneur de son. Au bord d’une rivière ou d’un torrent, c’est le bruit de l’eau qui coure qui risque d’être gênant. En général, il faut essayer d’avoir toujours la pollution sonore dans le dos, à l’inverse du micro. Anecdotique et amusant, j’ai gâché des enregistrements, à l’aube, à cause d’un verre d’eau ou d’une tasse de café qui suivait son chemin dans mon ventre en gargouillant bruyamment !
Mais le pire, c’est les avions ! À proximité d’un couloir aérien, même dans un coin formidable, on risque de promener le matériel pour rien !

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